Santé

Consommation d’alcool : comment faire le point et repérer les signes d’addiction ?

2023-01-27
La photo montre un portrait de Juliette Hazart, médecin addictologue et rédactrice pour le blog de Barnabe.io.
Juliette Hazart
Médecin addictologue et nutritionniste
Dans l'image on voit un groupe d'amis qui discute de leur consommation d'alcool et de tabac

Pourquoi faire le point sur sa consommation d’alcool ? Car celui-ci est la substance la plus consommée en France avec 40% d’usagers réguliers (au moins 10 fois par mois) et 10% de buveurs quotidiens ce qui représente 5 millions de personnes en France. On estime que moins de 10% des personnes ayant une addiction à l’alcool bénéficient d’une prise en soins. D’où l’importance d’informer, de déstigmatiser et de déculpabiliser pour libérer la parole.

Quels sont les différents niveaux d’usage de l’alcool ?

On note tout d'abord la non consommation de personnes qui n'ont jamais consommé d’alcool. L'expérimentation correspond à la consommation d’alcool au moins une fois au cours de la vie.

Usage simple

L'usage simple est en quelque sorte une consommation socialement réglée ou admise. Elle correspond à la consommation n'entraînant ni complications somatiques, ni dommages psychologiques ou sociales. L'usage simple d'une substance peut conduire à une addiction. Pour cela il y a un continuum entre différents niveaux d’usages.

Usage à risque

L’usage à risque peut être lié :

  • à la situation : c’est quand ?
  • à une question de quantité : c’est combien ?
  • aux modalités de consommation : c’est comment ?

L’usage à risque, c’est quand ?

Dans des situations particulières comme :

  • la consommation d'alcool avant de conduire un véhicule ;
  • la consommation d’alcool chez la femme enceinte ;
  • l'association avec certains médicaments.

Dans ces situations, les risques de dommages existent dès la première consommation.

L’usage à risque, c’est combien ?

La quantité d’alcool consommée peut déterminer l'impact des conséquences physiques et psychiques pour la personne. Concernant l'alcool, les repères de consommation à moindre risque pour la santé actualisés par Santé Publique France correspondent à 10 verres standards d’alcool maximum par semaine avec 48 heures sans consommation, soit : 

  • ne pas consommer plus de dix verres standards par semaine ;
  • ne pas consommer plus de deux verres par jour ;
  • avoir des jours dans la semaine sans consommation.

Attention, il s’agit de verres standards basés sur le contenant servi dans un bar et non un verre maison.

Une image contenant texteDescription générée automatiquement
Source : Alcool info service

Ce seuil est le même pour les hommes et les femmes. Il s'agit d'un seuil de consommation à moindre risque, c’est-à-dire que les risques sont assez faibles pour être considérés comme acceptables pour l’individu et la société, mais pas sans risque. L'institut national du cancer rappelle que pour toute consommation d'alcool, dès le premier verre, le risque par exemple de cancer du sein augmente chez la femme et le risque de maladie cardiovasculaire augmente chez les hommes et chez les femmes.

Après 65 ans, l'organisme tolère moins bien l'alcool et les recommandations sont adaptées par la Société française de gériatrie et de gérontologie et la Société française d’alcoologie :

  • pour les consommateurs quotidiens, ne pas dépasser un verre par jour et essayer d’avoir des jours dans la semaine sans consommation ;
  • pour les consommateurs occasionnels, ne pas dépasser 2 verres par occasion, d’avoir au moins 2 jours sans consommation dans la semaine et de ne pas dépasser 7 verres par semaine.

Ne pas boire d'alcool dans certaines circonstances est l'option la plus sûre :

  • dès le projet de grossesse, pendant toute la durée de la grossesse et de l’allaitement ;
  • pendant l’enfance, l’adolescence et toute la période de la croissance ;
  • en cas de conduite automobile ou de machine ;
  • lors de pratique de sports (du fait des risques de chute, de blessure...) ;
  • en cas de consommation de certains médicaments du fait du risque d’interactions avec l’alcool pouvant diminuer l'efficacité des médicaments ou en augmenter les effets indésirables ;
  • dans le cadre de certaines maladies, il est également recommandé de ne pas consommer d’alcool. Demandez toujours conseil à un professionnel de santé.

Attention, le diagnostic de l’addiction ne se fait pas sur la quantité consommée. En effet, une personne peut se sentir en difficulté avec ses consommations en consommant une quantité inférieure aux seuils de consommation de moindre risque pour la santé.

L’usage à risque, c’est comment ?

Il existe des modalités de consommation à risque qui augmentent le risque de développer une addiction au cours de sa vie :

  • la précocité de l'expérimentation, par exemple la consommation d’alcool avant l'âge de 15 ans ;
  • la consommation à visée auto thérapeutique. Par exemple, la personne va consommer pour « diminuer son mal-être », « ne plus penser », « mieux dormir », « être plus détendu »… et ressentir un auto-soulagement ;
  • le cumul des consommations, les conduites d'excès avec la recherche d’ivresse et la répétition de ces consommations à risque.

Comment repérer les signes d’une consommation problématique ou d’une addiction ?

Cela se manifeste souvent par un ensemble d’éléments :

  • La consommation d’alcool est de plus en plus répétée, régulière. 
  • Les quantités augmentent parfois de façon insidieuse et la personne ne parvient pas à contrôler la quantité consommée malgré qu’elle a la volonté de baisser ou d’arrêter sa consommation. Elle a perdu le contrôle de sa consommation.
  • Elle a des envies fortes, impérieuses, de boire qu’elle ne peut réprimer qu’on appelle craving. 
  • Il existe des conséquences dans la vie de la personne au niveau de sa santé physique ou mentale, sur le plan relationnel au travail, à la maison ou avec des amis. Cela peut se manifester par exemple par des conflits ou des difficultés à assurer sa journée de travail ou ses tâches à la maison. Le comportement de la personne peut aussi parfois se modifier et donc la relation avec ses proches.

Comment agir et à qui demander de l’aide ?

Dans tous les cas, si vous ou l’une de vos connaissances, vous sentez en difficulté avec l’alcool, quelles que soient les quantités consommées ou la fréquence de consommation, demandez conseil à un professionnel de santé. La honte et la culpabilité sont des émotions souvent éprouvées par les personnes en difficulté avec leur consommation. Pourtant, l’addiction n’a rien à voir avec un manque de volonté. Il est important de lutter encore et toujours contre les idées reçues afin de libérer la parole.

Vous pouvez vous rapprocher :

  • de votre médecin traitant ;
  • d’un médecin addictologue ;
  • des consultations jeunes consommateurs (CJC) qui accueillent en toute confidentialité des jeunes âgés entre 12 et 25 ans en questionnement sur leur consommation, ainsi que leur entourage ;
  • du site alcool-info-service et téléphoner pour vous ou votre entourage en toute confidentialité 7 jours sur 7 de 8h00 à 2h00 au 0 980 980 930 ;
  • de structures spécialisées comme les CSAPA (Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie), présentes dans tous les départements de France, afin de faire le point de façon anonyme et gratuite avec un professionnel sur les difficultés rencontrées ;
  • d’une association ou d’un groupe d’entraide pour l’entourage dont vous trouverez les coordonnées sur alcool-info-service.fr.

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