Bien-être

L’âgisme : définition et enjeux

2023-03-14
La photo montre un portrait de Chloé Richard, rédactrice Santé & Société pour le blog de Barnabe.io.
Chloé Richard
Rédactrice Santé & Société
La photo montre deux femmes âgées, heureuses et fières de l’être.

Pratique discriminatoire auprès des personnes âgées, l’âgisme s’insinue dans nos institutions et a de lourdes conséquences sur la santé de nos aînés. Découvrez les stéréotypes de cette discrimination, ses impacts sur notre société et les solutions pour la combattre.

Qu’est-ce que l’âgisme ?

Depuis novembre 2016, l’âgisme est considéré en France comme une discrimination passible de poursuites pénales

Discrimination fondée sur l’âge, l’âgisme est une construction de l’esprit qui caractérise les personnes âgées à partir de stéréotypes négatifs et dévalorise leur place dans notre société

L’âgisme se matérialise par des violences verbales et physiques à l’encontre des personnes âgées mais également par la non prise en considération de l’âge dans la conception et la réalisation de services, programmes et installations. 

Robert Butler, gérontologue américain invente le terme âgisme en 1969 et il en donne la première définition en 1978 : c’est un « profond désordre psychosocial caractérisé par des préjugés institutionnalisés, des stéréotypes, et l'établissement d'une distance et/ou d'un évitement vis-à-vis des seniors ». 

Pour Butler, l’âgisme révèle l’inquiétude des jeunes et des adultes quant à la vieillesse et conduit aujourd’hui à ce mépris généralisé des personnes âgées. 

Cette inquiétude se manifeste principalement car la société valorise les critères de performance, de beauté et de force qui s’opposent à la vieillesse, considérée comme le déclin de ces 3 caractéristiques « vitales ». 

D’où vient cette attitude discriminatoire envers les personnes âgées ?

D’après une enquête menée auprès de 83 034 personnes dans 57 pays, 1 personne sur 2 a des attitudes modérément ou fortement âgistes. 

C’est en considérant l’âge comme le seul critère pour entrer dans la vieillesse que l’on stigmatise d’emblé nos aînés. En effet, cette variable est à mettre en perspective avec les histoires personnelles, les générations et les situations économiques et sociales de chaque individu.  

L’âge ne peut pas être le seul point de repère pour comprendre le changement car chaque expérience de la vieillesse est individuelle. 

Ci-dessous, voici des exemples de stéréotypes que l’on entend régulièrement et qu’il faut déconstruire : 

  • « On ne change plus après un certain âge » : ce stéréotype bloque l’accès à la formation et l’éducation des personnes âgées ;
  • « Les personnes âgées sont vulnérables » : l’image de personnes âgées malades et dépendantes véhiculée par les médias alimente ce stéréotype ;
  • « Les personnes âgées ne sont pas utiles » : il.elle.s sont souvent mis.e.s à l’écart de la société car leur contribution est souvent ignorée ;
  • « Les personnes âgées ne comprennent rien à la technologie » ; il.elle.s ne sont pas formé.e.s aux nouvelles technologies sous prétexte qu’il.elle.s n’y comprennent rien.

Autant de préjugés qui structurent la société et nos modes de vie selon des critères jeunistes et qui ignorent les réels besoins des personnes âgées

Ces négligences vont avoir des conséquences de plus en plus importantes sur notre société. En effet, avec l’accroissement de la longévité ces dernières années et le vieillissement de la population mondiale, l’âgisme est un sujet prioritaire.

Comment se manifeste l’âgisme ?

L’âgisme se traduit par des comportements qui consciemment ou inconsciemment excluent et stigmatisent les personnes âgées

Voici ci-dessous quelques exemples de discriminations dans notre société : 

  • Dans le corps médical : on constate une négligence plus importante de certain.e.s professionnel.le.s de santé sous prétexte que les problèmes de santé sont fréquents et par conséquent moins inquiétants chez les personnes âgées ; 
  • Dans les médias : les personnes âgées sont sous-représentées ou alors stigmatisées comme des personnes fragiles et vulnérables (maladie, dépendance etc.) ; 
  • Sur le marché du travail : les personnes âgées sont souvent perçues comme étant moins productives : difficulté d'apprentissage, résistance au changement, manque de créativité et d’initiative, réticence aux nouvelles technologies etc.

Le désintérêt des hommes politiques concernant la situation des personnes âgées favorise le silence généralisé autour de la violence et de la maltraitance qui agit sur cette population. 

Aujourd’hui, l’utilisation du terme âgisme s’est élargie à toutes les tranches d’âge et l’on parle aussi de manifestations discriminatoires pour les jeunes

Très souvent, les femmes sont encore plus exposées à cette discrimination sur l’âge que les hommes, et d’autant plus à l’arrivée de la ménopause

Identifiée comme un marqueur de vieillesse, la ménopause est associée à une image négative du vieillissement, à la perte de fertilité et de la féminité

Cécile Charlap, maîtresse de conférences à l'Université de Toulouse Jean-Jaurès et chercheuse au Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires nous explique : « La mise en exergue de la stérilité et de l'altération des qualités esthétiques organise des représentations du vieillissement au féminin qui font que, pour les femmes, vieillir c'est perdre de la valeur sociale ». 

Quel est l'impact social de l'âgisme dans la société ?

L’âgisme provoque une dégradation de la santé et du bien-être des personnes âgées. 

On constate d’une part des impacts individuels

  • Baisse de la qualité de vie due à la perception négative du vieillissement. (Ex. Refus de se soigner, qualité de l’alimentation dégradée) ;
  • Isolement et désengagement des sphères sociales qui conduit très souvent à la dépression (selon un rapport des Nations Unis, 6,3 millions de cas de dépression dans le monde sont dûs à l’âgisme). 

Et des impacts structurels

  • Rationnement de santé pour les personnes âgées : les professionnels de santé refusent souvent l’accès aux soins sous prétexte qu’elles ne sont pas la priorité. 
  • Opportunités de travail limitées dues à un stéréotype qui fait une corrélation entre l’âge avancé et la performance au travail.

Outre son impact sur la santé et le bien-être, l’âgisme coûte des milliards de dollars aux économies du monde entier. 

La pandémie de Covid 19 a mis en évidence toutes ces discriminations âgistes

En effet, dans certains cas, le seul critère de l’âge a été utilisé pour déterminer l’accès aux soins médicaux et aux traitements d’importance vitale et justifier l’isolement des personnes âgées. 

Quelles sont les solutions pour combattre l'âgisme ?

« L’âgisme nuit à tous, aux personnes âgées aussi bien qu’aux jeunes. Mais souvent, il est si répandu et si bien accepté – dans nos attitudes comme dans nos politiques, nos lois et nos institutions – que nous ne réalisons pas les répercussions qu’il a sur notre dignité et sur nos droits. Nous devons lutter de front contre l’âgisme, une violation des droits de l’homme aujourd’hui profondément enracinée ». Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. 

La première étape nécessaire est la prise de conscience et la sensibilisation de tous les publics. 

Cette sensibilisation peut se traduire par la mise en place d’activités : 

  • Intergénérationnelles : pour créer du lien social et la rencontre entre différentes générations ; 
  • Éducatives à destination des personnes âgées : pour que les seniors puissent bénéficier du même accès à l’information (l’éducation au numérique par exemple) ; 
  • De formation des professionnels de santé : pour identifier les violences et la maltraitance aux personnes âgées et la combattre.

Ensuite il s’agit pour les institutions de tenir compte des réalités et des droits des personnes de tous les âges dans l’aménagement et la conception des programmes, des services et des territoires.

Il est également important de rappeler que l’âgisme peut se manifester différemment selon les autres composantes de l’identité d’une personne : l’âgisme peut se superposer à d’autres formes de discriminations liées au sexe, aux origines, à l’orientation sexuelle, au handicap, à la religion, à la culture, au milieu social, à la langue etc. 

La représentation médiatique doit elle aussi évoluer. En sous-représentant et décrédibilisant les personnes âgées, les médias alimentent les stéréotypes et ce sont les femmes qui en pâtissent le plus. 

Pour déconstruire ces stéréotypes, certaines personnalités comme Carolina Ida Ours prennent la parole sur les réseaux sociaux. Mannequin française de 62 ans et personnalité publique, elle lutte contre les stéréotypes âgistes et la ménopause à travers ses réseaux sociaux. En se représentant en femme sexy, confiante et heureuse, Carolina veut promouvoir l’inclusion, la diversité et le body positive.

Sources externes :

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