Santé

Cancer de l’ovaire : causes, symptômes et traitements

2024-02-14
La photo montre un portrait de Pierre-François Ceccaldi, professeur en gynécologie-obstétrique et rédacteur pour le blog de Barnabe.io.
Pierre-François Ceccaldi
Gynécologue obstétricien
Cette image représente une femme. Ses mains sont placées au niveau du bas du ventre.

Le cancer de l’ovaire touche chaque année de nombreuses femmes. Asymptomatique à son apparition, plusieurs examens sont nécessaires afin de prononcer un diagnostic fiable. On vous dit tout dans cet article.

Qu’est-ce que le cancer de l’ovaire ?

Pour comprendre comment se développer un cancer de l’ovaire, intéressons-nous d’abord à la fonction même des ovaires au sein de l’appareil reproducteur de la femme.

À quoi servent les ovaires ? Les ovaires sont les gonades féminines, c’est-à-dire que ce sont les organes dans lesquels sont contenues les gamètes femelles, les ovocytes, qui sont les cellules qui participent à la fécondation. Les ovaires sont au nombre de deux, et avec les trompes de Fallope, l’utérus et le vagin, ils composent l’appareil reproducteur féminin. Ils ont une double fonction endocrine et exocrine.

La fonction exocrine des ovaires correspond à l’émission d’un ovocyte à chaque cycle menstruel. Lors de la fécondation, c’est cet ovocyte qui fusionne avec le gamète masculin, le spermatozoïde. 

La fonction endocrine, elle, correspond à la production des hormones féminines, les œstrogènes et la progestérone. Ces hormones se déversent et circulent ensuite dans le sang pour être acheminés jusqu’aux cellules cibles, et régulent de nombreuses fonctions dans le corps. Vous l’aurez compris, les ovaires ont un rôle important au sein de l’organisme féminin.

Comment se développe le cancer de l’ovaire ?

L’Assurance maladie définit le cancer comme étant « une maladie provoquée par une cellule initialement normale mais dont le programme se dérègle et la transforme ». 

Développement du cancer

En d’autres termes, voici comme se développe un cancer : une cellule anormale se multiplie, et prolifère bien plus qu’elle ne le devrait, de manière anarchique. Ces cellules forment ainsi une tumeur maligne,  c’est-à-dire cancéreuse. Dans un premier temps, la tumeur est locale, c’est le stade 0. 

Puis elle peut prendre du volume, envahir les ganglions lymphatiques, et se répartir dans l’organisme sous forme de métastase, on est alors au stade 4. On parle de cancer de l’ovaire lorsque des cellules cancéreuses apparaissent dans les tissus ovariens.

Selon l’Institut National du Cancer, le cancer de l’ovaire est le 8ème cancer le plus fréquent chez les femmes. On comptait environ 5200 nouveaux cas en 2018 en France. Chaque année, plus de 3000 femmes décèdent dès suite de ce cancer, qui en fait la quatrième cause de décès par cancer.

Différents types du cancer de l’ovaire

À savoir, il n’y a pas un seul type de cancer de l’ovaire, mais plusieurs :

  • Les adénocarcinomes : ce sont les plus répandus, puisque d’après la HAS, plus de 90% des cancers de l’ovaire chez l’adulte sont des adénocarcinomes. Ce type de cancers touche l’épithélium de l’ovaire, c’est-à-dire sa couche externe.
  • Les cancers des cellules folliculaires : ils touchent les cellules folliculaires. Ce sont les cellules qui se transforment en ovules. On peut retrouver ce type de tumeurs chez des sujets jeûnes (enfants et jeunes adultes).
  • Les cancers des cellules du stroma : le stroma est le tissu conjonctif entre les cellules folliculaires. C’est en quelque sorte l’élément qui permet d’alimenter les cellules environnantes car il est vascularisé.
  • Les tumeurs frontières de l’ovaire : autrement appelées « borderline », leur spécificité est qu’elles sont à la limite entre la bénignité et la malignité.

Et les kystes dans tout ça ? Ce sont des tumeurs bénignes qui, dans de rares cas, peuvent évoluer en cancers de l’ovaire.

Enfin il existe de rares cas où une tumeur de l’ovaire vient d’un autre organe, comme une implantation secondaire d’un cancer, ou métastase.

Quelles en sont les causes ?

Il existe plusieurs facteurs qui augmentent le risque de développer un cancer de l’ovaire :

  • Un âge avancé (le risque augmente après la ménopause)
  • Des antécédents familiaux de cancers du côlon ou du sein
  • Une prédisposition génétique
  • Une trop longue exposition aux œstrogènes, due à des menstruations précoces ou à une ménopause tardive
  • La prise d’un traitement hormonal substitutif de la ménopause pendant une longue période
  • Le tabac
  • L’exposition à l’amiante

Quels sont les symptômes du cancer de l’ovaire ?

Le cancer de l’ovaire n’est pas un des plus simples à reconnaître. Souvent asymptomatique, il se développe de façon insidieuse et indolore le plus souvent, occasionnant peu de signes physiques au début. De ce fait, le diagnostic est posé à un stade relativement avancé. 

Les symptômes suivant peuvent toutefois mettre la puce à l’oreille :

  • Une gêne abdominale, causée par la tumeur. En grossissant, elle peut exercer une pression sur l’appareil urinaire et causer des fuites.
  • Une diminution de l’appétit ;
  • Des douleurs à l’estomac ;
  • Des saignements anormaux ;
  • Des pertes vaginales inhabituelles ;
  • Des troubles du transit, constipation ;
  • Une fatigue chronique ;
  • Une pilosité accrue : dans certains cas, si la tumeur sécrète des androgènes, il peut y avoir une poussée excessive de poils.

Comment le diagnostiquer ?

En cas de suspicion d’un cancer de l’ovaire, des examens existent pour poser un diagnostic. Le médecin peut réaliser un examen clinique, en interrogeant d’abord la patiente pour identifier et mieux connaître les symptômes. Une palpation est aussi requise pour détecter une éventuelle grosseur de localisation pelvienne.

Une échographie abdomino-pelvienne, un IRM ou un scanner sont souvent nécessaires pour évaluer la taille et le degré d’extension de la tumeur, et ainsi définir le stade de la maladie. Le dosage sanguin de marqueurs tumoraux, le CA-125 notamment, prescrit conjointement à l’imagerie est aussi un indicateur du caractère tumoral d’un kyste ovarien. Seule une biopsie chirurgicale permet de confirmer le diagnostic.

Pour dépister un éventuel cancer de l’ovaire dans les meilleurs délais, il est essentiel d’être suivi régulièrement par un professionnel en santé féminine.

Quels sont les traitements ?

Comme énoncé précédemment, les cancers de l’ovaire sont souvent diagnostiqués de manière tardive, ce qui retarde la prise en charge et la mise en place de traitement. Il existe plusieurs types de traitements, adaptés au cas de chaque patiente, et des soins supports indispensables pour les accompagner tout au long de la maladie.

Les différents types de traitement

Pour le traiter, plusieurs options sont envisageables :

  • La chirurgie : elle consiste à l’ablation tumorale la plus complète possible et de ses extensions. Si nécessaire, elle peut comporter aussi la résection du second ovaire, de l’utérus ainsi que des trompes. Il peut être nécessaire de retirer certains organes du voisinage suivant l’avancement de la maladie. Dans le cas où les deux ovaires sont retirés avant la cinquantaine, la femme se retrouve en ménopause précoce.
  • La chimiothérapie : lorsque l’avancement de la maladie le nécessite, la chimiothérapie peut être requise. Il s’agit d’un ensemble de traitements pharmaceutiques administrés de façon séquentielle qui vise à faire disparaître les cellules cancéreuses. Envisagée en synergie avec la chirurgie, elle traite aussi les métastases s’il y en a. Malgré les progrès récents de la compréhension des mécanismes du cancer de l’ovaire et sur le ciblage tumoral, peut provoquer des effets secondaires par exposition des autres tissus.
  • La radiothérapie : elle a moins d’indication dans le cadre du cancer de l’ovaire que la chimiothérapie, mais peut être envisagée dans le cas de certaines tumeurs rares.

Faire le choix le plus adapté

Vous vous demandez probablement comment une (ou plusieurs) de ces options peut-elle être privilégiée plutôt qu’une autre ? Rassurez-vous, le choix du traitement ne repose pas sur une seule et unique personne. Lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) une équipe de médecins de différentes spécialités se réunit autour du cas de la patiente pour décider de la meilleure prise en charge possible tout en conservant la meilleure qualité de vie possible, et du traitement pour lequel il serait préférable d’opter - ou programme personnalisé de soins (PPS).

Ils prennent en compte bien évidemment le stade de la tumeur, mais également des spécificités de la situation de la patiente telles que son âge ou de son état de santé. Ainsi, l’équipe médicale évalue pour chaque traitement les bénéfices, mais aussi les risques, afin d’apporter à chaque situation les meilleures options de traitements.

En parallèle du traitement, la patiente bénéficie d’un soutien complémentaire et pluridisciplinaire, c’est ce qu’on appelle les soins de support. Avec des soins supplémentaires et complémentaires au traitement choisi, les professionnels vont pouvoir accompagner la patiente afin de limiter autant que possible leurs répercussions sur sa qualité de vie. Il peut s’agir d’un suivi gynécologique, diététique, psychologique, etc. Par exemple, Elodie Weiss raconte comment elle accompagne des patients atteints d'un cancer à l’aide de la sophrologie.

Fin du traitement ? Une fois la prise en charge thérapeutique terminée, il s’agira d’un simple suivi régulier, dont l’objectif principal est de s’assurer que la tumeur ne revienne pas.

Sources externes :

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