Santé

Ménopause précoce : tout savoir

2024-03-22
La photo montre un portrait de Pierre-François Ceccaldi, professeur en gynécologie-obstétrique et rédacteur pour le blog de Barnabe.io.
Pierre-François Ceccaldi
Gynécologue obstétricien
La photo montre une horloge blanche avec au-dessus un tableau à craie sur lequel est inscrit ménopause, avec un arrière-plan rose.

Avez-vous déjà entendu parler de ménopause précoce ? Chez la majorité des femmes, la ménopause a lieu en début de cinquantaine. Il arrive que dans certains cas, elle intervienne beaucoup plus tôt : on parle alors de ménopause précoce. L’origine et les symptômes ressentis peuvent être divers et varier d’une femme à l’autre, et il existe des traitements pour soulager les femmes les plus impactées durant cette période. On vous en dit plus dans cet article.

Qu’est-ce que la ménopause précoce ?

D’après la définition du Vidal, la ménopause est « la période de la vie au cours de laquelle les ovaires réduisent leur production d’hormones sexuelles », entraînant l’arrêt progressif et définitif des règles. 

Elle se manifeste par l’apparition de plusieurs symptômes qui diffèrent selon les femmes, comme les bouffées de chaleurs, le syndrome génito-urinaire ou la prise de poids, qui viennent perturber la qualité de vie. 

En moyenne, la périménopause survient autour de 47 ans, avec une durée d’installation de 4 ans soit à 51 ans en moyenne, les données variant selon les études. 

On parle de ménopause précoce, ou d’insuffisance ovarienne prématurée, lorsque cette étape de la vie s’établit  avant l’âge de 40 ans. Elle survient lorsque la fonction ovarienne est perturbée, réduisant sa capacité à produire des hormones et à libérer des ovules régulièrement. Dans de rares cas, une grossesse est possible car les ovaires peuvent à nouveau fonctionner pendant une courte période et libérer un ovule.

Quelles en sont les causes ?

Alors que 1% des femmes de moins de 40 ans sont concernées, l’origine exacte n’est pas toujours connue et les causes possibles peuvent être diverses. Nous vous les avons listées ci-dessous : 

  • Chirurgicale : par exemple, une femme ayant subi une ablation des deux ovaires se retrouvera en situation de ménopause chirurgicale précoce. Dans le cas d’une hystérectomie (ablation de tout ou partie de l’utérus), lorsque l’ablation des ovaires n’est pas requise, la femme n’aura plus de règles mais n’aura pas nécessairement de symptômes.
  • Héréditaire : les femmes ayant des antécédents familiaux d’insuffisance ovarienne précoce ont plus de risques d’y être elles-mêmes sujettes ;
  • Génétique : c’est le cas du syndrome de Turner par exemple, qui correspond à une anomalie des chromosomes sexuels.
  • Auto-immune : dans le contexte de certaines pathologies, le corps produit des anticorps qui peuvent attaquer ses propres organes, dont les ovaires. C’est le cas par exemple dans le cas de la maladie d’Addison ou dans le cas du diabète de type I.
  • Environnementale : les produits chimiques utilisés dans l’exercice de certaines professions sont mis en cause. Par exemple, une étude sur l’insuffisance ovarienne prématurée chez les coiffeuses a démontré une augmentation du risque de ménopause précoce chez les coiffeuses.
  • Toxique : par exemple, les patientes atteintes de cancer ayant reçu une chimiothérapie ou de la radiothérapie sont plus à risque, les traitements ayant des effets contre toutes les cellules, cellules ovariennes comprises.
  • Infectieuses : certaines maladies infectieuses telles que les oreillons ou la tuberculose pourraient être mis en cause.

D’autres facteurs peuvent diminuer l’âge d’arrivée de la ménopause, c’est le cas par exemple du tabac, dont les toxines perturbent l’activité hormonale.

Quels en sont les symptômes ?

Bien que toutes les femmes ne soient pas sujettes à des manifestations physiques ou psychologiques, la ménopause précoce peut s’accompagner de tous les symptômes associés à la ménopause. 

Certaines femmes la découvrent lorsqu’elles arrêtent leur contraception hormonale en vue d’un projet de bébé, alors qu’elles ne présentent aucun symptôme. D’autres, au contraire, doivent faire face à bon nombre de symptômes qui peuvent impacter leur vie quotidienne. En voici quelques-uns :

  • Perturbation des cycles menstruels (fréquence, flux) ;
  • Bouffées de chaleur ;
  • Palpitations ;
  • Sueurs nocturnes ;
  • Troubles du sommeil ;
  • Maux de tête ;
  • Sautes d’humeur ;
  • Prise de poids ;
  • Douleurs articulaires ou musculaires ;
  • Troubles urinaires ;
  • Sécheresse vaginale ;
  • Baisse de libido etc.

Autre élément à prendre en compte : les femmes ménopausées ne bénéficient plus de la protection qu’offrent les œstrogènes et la progestérone. En effet, ces hormones féminines permettent de prévenir l’apparition de maladies cardiovasculaires, d’un cancer du sein, ou de l’ostéoporose, une maladie caractérisée par la diminution de la densité osseuse. 

Quels sont les traitements ?

Heureusement, il existe des solutions pour améliorer la qualité de vie des femmes qui connaissent une ménopause précoce et pour les aider à préserver leur santé physique et mentale.

Bonnes pratiques d’ordre hygiéno-diététiques

Une alimentation équilibrée et une activité physique régulière peuvent contribuer à atténuer certains symptômes (dont la prise de poids) et à réduire les risques de développer des maladies chroniques évoquées ci-dessus. Il faudra privilégier une alimentation variée, riche en fibres et pourvoyeuse en protéines, calcium et vitamine D, tout en évitant les excès (produits sucrés, sel, excitants, etc.). L’hydratation aussi ne doit pas être négligée, d’autant plus qu’elle permet de limiter la rétention d’eau.

Traitement hormonal substitutif (THS)

En l’absence de contre-indications, le médecin pourra également prescrire un traitement hormonal substitutif (THS), au moins jusqu’à l’âge moyen de la ménopause, pour améliorer la qualité de vie des femmes pour qui les symptômes sont contraignants, tels que les bouffées de chaleur. On retrouve généralement dans le THS les hormones qui ne sont plus produites par les ovaires, c’est-à-dire un progestatif et des œstrogènes. Ce traitement permet également de prévenir l’apparition de pathologies comme le cancer de l’utérus par exemple. 

Attention particulière à la santé mentale

Lorsqu’une femme découvre sa ménopause précoce, celle-ci peut se retrouver désorientée et quelque peu perturbée. Cela touche à sa représentation de la femme, d’autant plus que cette étape de la vie des femmes - sujet malheureusement encore trop tabou dans notre société - est souvent associée à la vieillesse, ce qui peut être déroutant pour une femme n’ayant pas encore atteint la quarantaine.

Un sentiment de honte peut s’installer. L’apparition prématurée de la ménopause questionne aussi son rapport à la procréation et à la possibilité de donner la vie. Ce sont donc tous ces sujets qui peuvent rendre l’annonce d’une ménopause précoce difficile à vivre.

Il est donc vivement conseillé d’accorder une attention importante à sa santé mentale et à son bien-être dans ce contexte. Prendre soin de soi, et consulter des professionnels de la santé comme un psychologue peut aider à surmonter ce changement.

Sources externes :

Besoin d’aide pour préparer ou mieux vivre la ménopause ?

Rejoignez le ménopause club, une communauté qui rassemble femmes et professionnels de la santé autour de la (péri)ménopause et propose des accompagnements adaptés aux besoins et à la situation de santé de chacune. Car il n’y a pas une mais des ménopauses !

Articles similaires