Santé

Traitement de la ménopause

2024-04-03
La photo montre un portrait de Pierre-François Ceccaldi, professeur en gynécologie-obstétrique et rédacteur pour le blog de Barnabe.io.
Pierre-François Ceccaldi
Gynécologue obstétricien
La photo montre une table avec des pilules, un masque chirurgical, un stéthoscope et des petites briques en bois avec inscrit hormones et thérapie.

Des traitements de la ménopause sont souvent recommandés pour soulager les symptômes de cette période. En effet, la ménopause est une étape de la vie des femmes souvent marquée par des symptômes qui peuvent lourdement impacter la qualité de vie. Cette phase de vie marque aussi une période à partir de laquelle les femmes vont être plus à risque de développer des maladies chroniques, mais qui, rassurez-vous, peuvent être évitées grâce à une hygiène de vie adaptée. On vous explique tout dans cet article !

Quels sont les traitements naturels de la ménopause ?

Les premiers traitements à considérer pour la ménopause sont ceux qualifiés de non hormonaux et non médicamenteux. Il s’agit essentiellement de bonnes pratiques à mettre en place pour prendre soin de sa santé, mieux se sentir dans son corps et dans sa tête, et prévenir les maladies dont le risque augmente une fois la ménopause installée. Les recommandations des professionnels de santé prennent la forme de conseils hygiéno-diététiques, adaptables à chacune. 

Arrêter la consommation de tabac

Si vous consommez du tabac, il est vivement conseillé d’arrêter. Même si la volonté est souvent très présente, nous connaissons la difficulté pour arrêter… et ne pas reprendre ! C’est pourquoi solliciter son médecin traitant voire un médecin addictologue vous aidera à mieux vous en sortir. Sachez également que la prise en charge pour les addictions est souvent également pluridisciplinaire (médecin, infirmier, psychologue…) afin de vous accompagner au mieux sur tous les aspects.

Modérer la consommation d’alcool

Il est aussi vivement recommandé d’adopter une consommation très modérée d’alcool, voire d’en arrêter la consommation. En plus d’augmenter le risque de développer des maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires…), l’alcool aggrave les bouffées de chaleur. 

Adopter une bonne alimentation

L’alimentation et la ménopause sont étroitement liées. Il est recommandé d’adopter une alimentation saine et équilibrée lors de cette période. Rassurez-vous, l’idée ici n’est pas de faire un régime drastique et de se priver, mais plutôt d'adapter son alimentation à ses besoins. L'alimentation est ici d’autant plus importante car elle permet de jouer le rôle de prévention des maladies dont le risque est augmenté à partir de cette période. Elle permet aussi de créer un équilibre pour éviter ou limiter une prise de poids, souvent perçue comme contraignante et inhabituelle par certaines femmes.

Intégrer une activité physique dans son quotidien

Enfin, adopter une activité physique vous permettra également de prévenir les maladies chroniques et de garder un poids qui ne mette pas en danger votre santé. C’est aussi un excellent moyen de vous décharger des pressions psychologiques de la vie quotidienne, qui peuvent être accentuées durant cette période. Attention, activité physique n’est pas synonyme d’activité sportive. Il peut s’agir de 45 minutes de balade quotidienne ou d’une simple séance de réveil musculaire. Pas de pression supplémentaire, ce n’est pas le but.

La tenue de ces bonnes pratiques sur le long terme peut paraître compliquée. Si vous rencontrez des difficultés à mettre en place ces conseils, n’hésitez pas à solliciter un professionnel de santé qui saura vous accompagner sur ces différents sujets. 

Quels sont les traitements hormonaux de la ménopause ?

Les traitements hormonaux de la ménopause varient selon leur composition ainsi que la voie d’administration. Le choix se fait en fonction du type et de l’intensité des symptômes, selon les recommandations de votre médecin.  

Différents types de traitements hormonaux

Un traitement hormonal de la ménopause (THM) peut être proposé dans certains cas énoncés ci-dessous. Ce traitement associe la plupart du temps un œstrogène ainsi qu’un progestatif.

L’œstrogène, souvent administré sous forme d’œstradiol, une forme naturelle d’œstrogène, permet d'atténuer les symptômes de la ménopause tels que les bouffées de chaleur. Cette hormone permet aussi de prévenir l’ostéoporose

Le progestatif quant à lui peut être pris de manière continue ou discontinue. Lorsqu’il est pris de manière discontinue, il permet de déclencher des saignements, comme lors de la prise d’une pilule contraceptive avec hémorragies de privation. Déclencher ces « fausses règles » permet d’éviter un épaississement trop important des parois de l’utérus. 

Le progestatif a ainsi un rôle de prévention du cancer de l’utérus en diminuant le risque. L’administration d’un progestatif est toutefois inutile si vous avez subi une hystérectomie, c’est-à-dire une ablation, un retrait de l’utérus. 

Dans le cadre d’un traitement hormonal, le dosage des hormones se fait en fonction de l’intensité des symptômes et selon chaque situation. Par la suite, le médecin ajuste la dose en fonction de l’apaisement de ces troubles.

Le traitement hormonal de la ménopause (THM) ne doit pas être confondu avec le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS). Même si leur composition peut être similaire, le THS n’est pas prescrit pour toutes. En effet, c’est le traitement réservé aux femmes qui présentent une ménopause précoce, c’est-à-dire avant 40 ans. Les doses sont plus importantes afin d’atteindre les taux hormonaux habituels de cette tranche d’âge.

Différentes voies d’administration

Un THM peut être administré de différentes manières :

  • Par voie orale
  • Par voie transdermique
  • Par voie vaginale

Selon la voie d’administration, les effets nocifs pour la santé, énoncés plus bas, ne sont pas les mêmes. En effet, d’après le Collège National de Gynécologues et Obstétriciens Français, le risque d’accidents thromboemboliques est lié à des facteurs de risque tels que l’obésité, à la durée de traitement qui ne doit pas excéder 10 ans, le type de progestatif et à la voie d’administration, les effets étant notamment plus présents pour les hormones prises par voie orale.

Le traitement par voie vaginale sous forme de crème, d’ovule ou d’anneau vaginal permet de rétablir l’hydratation des tissus affectés par la baisse d'œstrogènes. Des hydratants ou lubrifiants peuvent aussi être recommandés pour contrer les problèmes liés au syndrome génito-urinaire tels que la sécheresse vaginale

Quand prendre un traitement hormonal ? 

Le THM est prescrit selon certains critères. Des recommandations spécifiques sont à respecter. En effet, il existe des contre-indications et des risques à la prise de cette solution.  

Recommandation des traitements

D’après l’Assurance Maladie, un traitement hormonal de la ménopause (THM) est recommandé seulement dans certains cas. Lorsque les femmes souffrent de symptômes qui retentissent beaucoup sur leur qualité de vie, tels que des bouffées de chaleur importantes, le THM peut être envisagé. 

Il peut aussi être recommandé lorsqu’il existe un risque important de fractures liées à de l’ostéoporose.

Ce traitement n’est administré qu’une fois la ménopause confirmée et selon certaines modalités. C’est le médecin traitant ou le gynécologue qui vous recommande ou non de recourir au THM.

Pour cela, certains critères sont à respecter :

  • Le traitement doit être donné avant 60 ans, c’est-à-dire en début de ménopause
  • La durée du traitement ne doit pas excéder 5 ans
  • Le dosage hormonal doit être faible et le traitement doit être réévalué régulièrement, soit au moins une fois par an 
  • Les contre-indications doivent absolument être prises en compte avant la prescription du traitement hormonal.

Enfin, le traitement substitutif de la ménopause peut être recommandé dans le cas de la ménopause précoce, soit avant 40 ans. Il est alors pris jusqu’à l’âge naturel de la ménopause, soit environ 50 ans. Comme énoncé précédemment, le dosage des hormones est dans ce cas plus important pour atteindre les normes à cet âge. Comme pour le THM, il est administré par le médecin, après évaluation des risques.

Contre-indications du THM

Il existe des contre-indications au traitement hormonal de la ménopause. Il ne peut par exemple être prescrit selon les cas suivants :

  • Cancers hormonodépendants comme celui du sein ou de l’endomètre
  • Antécédents thromboemboliques artériels et veineux
  • Hémorragies génitales sans diagnostic établi

Risques du THM 

Cancer du sein et maladies cardiovasculaires sont souvent évoqués comme des risques liés au traitement hormonal de la ménopause. En conséquence, de nombreuses femmes sont récalcitrantes à prendre ce type de traitement. Toutefois des nuances sont à apporter. 

D’après de récentes études, les risques dépendent entre autres de la durée du traitement, de la voie d’administration et des molécules utilisées. Par exemple, on sait aujourd’hui que les traitements pris par voie orale présentent plus de risques que les autres voies d’administration. 

De plus, l’augmentation du risque de cancer du sein due à un traitement est relativement minime et dépend du progestatif utilisé. Par exemple, l’augmentation du risque concerne 2 femmes pour 1 000 pour un THM pris durant 5 ans. 

Nous vous invitons donc à évaluer toutes les options si elles vous sont présentées. 

En somme, comme tout traitement, le THM présente des risques et peut occasionner des effets secondaires, c’est pourquoi il est essentiel d’en discuter avec le médecin pour peser la balance entre bénéfices et risques et prendre la meilleure décision : celle qui vous conviendra le mieux.

Sources externes :

Besoin d’aide pour préparer ou mieux vivre la ménopause ?

Rejoignez le ménopause club, une communauté qui rassemble femmes et professionnels de la santé autour de la (péri)ménopause et propose des accompagnements adaptés aux besoins et à la situation de santé de chacune. Car il n’y a pas une mais des ménopauses !

Articles similaires