À la ménopause, outre les bien connues bouffées de chaleur, les modifications hormonales peuvent également avoir un impact direct sur la tonicité des muscles du périnée, et provoquer alors des fuites urinaires. D’où vient cette perte de tonus musculaire et surtout, comment adapter son mode de vie pour prévenir, limiter ou mieux vivre au quotidien avec les fuites urinaires ? Suivez le guide.
Pourquoi des fuites urinaires à la ménopause ?
Entre 45 et 55 ans en moyenne, toutes les femmes connaissent et traversent la ménopause. La ménopause, c’est cette période de la vie des femmes pendant laquelle la production d’hormones féminines diminue et les règles disparaissent.
Cette diminution de production d'œstrogènes a souvent des conséquences directes sur la tonicité musculaire du périnée, aussi appelé plancher pelvien, et provoque chez certaines femmes des petits écoulements d’urine involontaires durant la journée ou pendant la nuit.
Comment peut-on expliquer cela ? Il faut savoir que les œstrogènes aident à maintenir la solidité et la souplesse des tissus de la vulve, du vagin, de la vessie et des muscles du périnée. À la ménopause, ces tissus ont tendance à s’amincir et à perdre en élasticité et en souplesse. Résultat, il est possible de ressentir un besoin urgent d’uriner, d’aller plus souvent aux toilettes, ou d’avoir des difficultés à se retenir, provoquant alors des problèmes d’incontinence urinaire.
Quels sont les types d’incontinence ?
L'incontinence urinaire est un écoulement involontaire, non contrôlable, des urines par l'urètre. Plusieurs types d’incontinence urinaire existent.
Incontinence d’effort
L’incontinence d’effort se caractérise par un écoulement involontaire de petites quantités d’urine, non précédé par un besoin d’uriner. Ces fuites surviennent par surprise à la suite d’un effort physique, comme porter quelque chose de lourd, ou lors d’une activité augmentant la pression abdominale, c’est-à-dire une toux, un éternuement ou le simple fait de rire.
Incontinence par hyperactivité de la vessie
Ce type d’incontinence se caractérise elle aussi par une fuite involontaire des urines, mais cette fois précédée d’un besoin urgent et incontrôlable d’uriner. On parle aussi d’incontinence par impériosité. Ces fuites surviennent souvent au repos, pendant la nuit, et peuvent amener à se lever plusieurs fois par nuit pour aller aux toilettes. On qualifie ce trouble de « nocturie ».
Comment mieux vivre avec les fuites urinaires pendant la ménopause ?
L’incontinence urinaire touche de nombreuses femmes, et, bien souvent, celles-ci ne font pas le lien direct entre la ménopause et ces nouvelles fuites urinaires. Les femmes passent même souvent ce symptôme sous silence, n’osant pas en parler à leur médecin ou à leurs proches.
Pourtant, et heureusement, des solutions existent pour soulager le quotidien. Pas question de dire adieu aux nuits paisibles, ni aux franches parties de rigolade ! Alors comment faire pour mieux vivre avec les fuites urinaires ? Suivez le guide.
Entraînement des muscles du plancher pelvien
Saviez-vous que cinq minutes par jour d’exercices des muscles du plancher pelvien peuvent considérablement réduire l’incontinence rencontrée à la ménopause ? C’est une étude qui nous vient directement de l’International Consultation en Incontinence (ICI), et du gynécologue américain Arnold Kegel, qui a été le premier à décrire les effets cliniques de l’entraînement des muscles du plancher pelvien sur la gestion de l’incontinence.
Et en pratique, voici trois exercices de Kegel très facile à réaliser chez soi, au bureau, ou dans les transports :
- La contraction de force : serrez les muscles du périnée le plus fort possible et contractez pendant 5 secondes. Puis relâchez pendant 5 secondes à nouveau. Répétez 5 à 10 fois.
- La contraction d’endurance : contractez les muscles du périnée moyennement fort mais le plus longtemps possible, pendant 60 secondes. Répétez l’exercice.
- La contraction de rapidité : serrez les muscles du périnée le plus fort possible et contractez pendant 2 secondes. Puis relâchez pendant 2 secondes à nouveau. Répétez 5 à 10 fois.
À savoir, un professionnel de la santé, comme un kinésithérapeute spécialisé ou une sage-femme, est tout à fait indiqué pour vous aider dans la rééducation périnéale, de façon manuelle ou à l'aide d'une sonde de stimulation périnéale. Qui plus est, cette consultation présente l'avantage d'être prise en charge par la Sécurité Sociale. Aussi, il faut noter que l'utilisation d'une sonde à la maison par la suite se révèle pus facile et plus efficace, dès lors que l'on a été guidé dans sa prise en main au départ.
Ces dernières années, des solutions technologiques se sont largement développées pour aider les femmes à renforcer leur périnée. C’est le cas par exemple de la sonde de renforcement périnéal Perifit.
Activité physique adaptée
La pratique d’une activité physique adaptée peut également aider à réduire les fuites urinaires. En effet, celles-ci peuvent survenir lorsque la pratique physique exerce une forte pression sur la vessie ou augmente la pression abdominale. Certaines activités physiques sont donc plus à risque que d’autres.
C’est le cas par exemple des sports de combat, de l’équitation, de l’athlétisme, du tennis, ou des sports collectifs, le basket, le volley, qui provoquent des à-coups. La pratique de la natation, ou de la marche, présente moins de risques.
Alimentation & hydratation
Pour une bonne hydratation, il est essentiel de continuer à boire régulièrement. Stop aux idées reçues, réduire sa consommation d’eau n’aidera pas à réduire l’incontinence. Au contraire, le manque d’eau peut provoquer plus facilement des infections urinaires, à cause d’une urine trop concentrée dans la vessie. Privilégiez une hydratation en eau tout au long de la journée, et évitez de boire 2h avant le coucher. Certaines boissons sont aussi à éviter, comme le café, les sodas ou l’alcool, qui a un effet diurétique (qui fait uriner plus souvent).
Côté régime alimentaire, les aliments riches en fibres sont recommandés, facilitant le transit, et réduisant les risques de constipation, qui elle-même, peut aggraver l’incontinence urinaire. Parmi les aliments riches en fibres, préférez les légumes, les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots rouges…), les fruits secs et les aliments complets comme le pain complet ou les pâtes complètes.
Hygiène intime
Les fuites urinaires entraînent souvent une humidité excessive de la zone intime, et peuvent provoquer des irritations de la vulve ou du vagin. Évitez alors les savons irritants, et préférez un produit sans rinçage qui nettoie et hydrate la peau en douceur. Utilisez des protections hygiéniques pensées avec des matières respirantes.
Intimité
Oui, les rapports sexuels sont bien sûr possibles, malgré les fuites urinaires ! Notre premier conseil est d’en parler avec votre partenaire. Ne le gardez pas pour vous, libérez la parole, et donnez-lui l’occasion de vous écouter et de comprendre votre expérience et les problématiques que vous rencontrez.
Ensuite, essayez de mettre en place quelques bonnes pratiques, comme aller aux toilettes et vider sa vessie avant tout rapport sexuel mais surtout après, pour éviter tout risque d'infections urinaires, ou entraîner les muscles du plancher pelvien régulièrement.
Vie sociale
Vivre avec des fuites urinaires ne devrait pas gâcher la vie des femmes : aller au cinéma sereinement, aller dîner chez des amis en toute tranquillité. Pourtant, certaines femmes n’osent plus sortir de chez elles, de peur qu’un incident survienne et qu’elles se retrouvent dans une situation inconfortable.
Pour vous aider à appréhender ces moments sociaux sans angoisse, ajoutez à votre routine quotidienne toutes les bonnes pratiques évoquées ici dans cet article. Une autre astuce ? Anticiper ses pauses aux toilettes au cours de la journée.
Confort nocturne
Enfin, pour vous assurer le meilleur confort nocturne et une nuit paisible (sans vous réveiller toutes les 2 heures), limitez votre consommation de boisson 2h avant le coucher, évitez le café ou le thé pendant votre soirée, pensez à bien aller aux toilettes avant le coucher, et utilisez une protection contre l’incontinence.
À savoir, de nombreux modèles de culottes menstruelles ont fait leur apparition ces dernières années. Et figurez-vous qu’elles s’adaptent tout à fait aux fuites urinaires. Elles sont plus absorbantes, plus confortables, jolies et même invisibles sous les vêtements !
Quels sont les traitements possibles ?
Parfois, toutes ces recommandations et bonnes pratiques ne suffisent pas à améliorer le quotidien et le confort de vie des femmes qui rencontrent des fuites urinaires. Des traitements médicamenteux ou une intervention chirurgicale peuvent alors être mises en place.
Traitements médicamenteux
Il est possible de recourir à un Traitement Hormonal de la Ménopause (ou THM). Celui-ci est prescrit par un médecin ou un gynécologue. Il peut aider à tonifier les tissus et les muscles affaiblis, mais ne constitue pas un traitement direct des fuites urinaires.
Intervention chirurgicale
D’autres techniques chirurgicales sont possibles si l’incontinence persiste malgré un traitement médicamenteux ou la mise en place de meilleurs comportements de santé. Elles nécessitent l’avis d’un urologue ou d’un gynécologue-obstétricien, et peuvent prendre plusieurs formes :
- Mise en place de bandelettes sous-urétrales (implants de renfort) comme support de l'urètre pendant l'effort ;
- Mise en place de ballons ajustables pour comprimer l'urètre à sa sortie de la vessie ;
- Injections péri-urétrales d'agents comblants ;
- Mise en place d'un sphincter urinaire artificiel.
Sources externes :
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