Santé

Hormones féminines : tout savoir

2024-02-14
La photo montre un portrait de Pierre-François Ceccaldi, professeur en gynécologie-obstétrique et rédacteur pour le blog de Barnabe.io.
Pierre-François Ceccaldi
Gynécologue obstétricien
 La photo montre le mot hormones écrit avec des lettres en bois et une fleur.

Les hormones sexuelles féminines sont des substances naturelles produites par l'organisme, et sont de deux types, les œstrogènes et la progestérone. Elles circulent dans le sang et agissent comme des messagers entre les cellules et les organes. Actrices fondamentales de la fertilité, de la féminité et de l'état de santé en général, on vous dit tout sur ces deux hormones aux super-pouvoirs !

Les hormones féminines, qu’est-ce que c’est ?

Les deux principales hormones féminines sont les œstrogènes et la progestérone. Elles sont toutes les deux sécrétées par les ovaires. La sécrétion des œstrogènes et de la progestérone suit un rythme précis et identique, celui du cycle menstruel. Bien que la testostérone soit considérée comme une hormone masculine, les femmes en produisent également et en ont besoin en petite quantité.

Ces hormones étant impliquées dans un grand nombre de processus différents dans le corps, leurs effets se reflètent dans l’humeur, la santé de la peau et des cheveux, le désir sexuel, le niveau d'énergie et bien plus encore.

Étant donné que ces hormones jouent un rôle fondamental tout au long de notre vie de femme, il est important de les connaître, de comprendre leur fonctionnement et les conséquences d'un déséquilibre du système hormonal - qui touche plus de femmes dans le monde qu’on ne le pense.

Les œstrogènes

L'œstrogène est la principale hormone féminine. La majorité est synthétisée par les ovaires à la fin de l’ovulation, mais de petites quantités sont aussi produites dans les glandes surrénales et les cellules graisseuses.

Néanmoins, on trouve des récepteurs d'œstrogènes dans tout le corps, y compris dans le cerveau, les seins, le plancher pelvien et l'appareil génital, ce qui montre clairement que cette hormone n'affecte pas seulement notre système reproducteur, mais aussi d'autres parties du corps.

Dans le corps féminin, les œstrogènes sont nécessaires pour :

  • Le développement des seins ;
  • La régulation du cycle menstruel ;
  • La fertilité et la grossesse ;
  • La solidité des os ;
  • Le maintien d'un taux de cholestérol normal.

Le taux d'œstrogènes peut être déterminé par une analyse de sang. Bien que cela puisse varier d'une personne à l'autre, voici ce qui est considéré comme les fourchettes normales en picogrammes par millilitre (pg/mL) :

  • Pour une femme adulte : 50 pg/mL en moyenne
  • Pour une femme adulte, en périménopausée : 15-350 pg/mL
  • Pour une femme adulte, post-ménopausée : <10 pg/mL
  • Pour un homme adulte : 10-40 pg/mL

Les taux varient considérablement au cours du cycle menstruel.

La progestérone

Comme les œstrogènes, cette hormone est synthétisée dans les ovaires à la fin de l'ovulation.

Le rôle de la progestérone est de :

  • Préparer la muqueuse de l'utérus à recevoir un ovule fécondé ;
  • Favoriser la grossesse ;
  • Supprimer la production d'œstrogènes après l'ovulation.

Le taux de progestérone peut être déterminé par une analyse de sang. Les fourchettes normales sont exprimées en nanogrammes par millilitre (ng/mL) :

La testostérone

De petites quantités de testostérone proviennent des glandes surrénales et des ovaires. Cette hormone joue un rôle dans plusieurs fonctions de l'organisme, notamment :

  • Le désir sexuel ;
  • La régulation du cycle menstruel ;
  • La force osseuse et musculaire.

Une analyse de sang peut déterminer le taux de testostérone. La fourchette normale pour les femmes est de 15 à 70 nanogrammes par décilitre (ng/dL).

Tableau des taux de progestérone à différents stades de la vie d’une femme.

Quels sont les rôles des hormones ?

Les hormones féminines font partie intégrante de nombreuses fonctions du corps. Mais les besoins hormonaux changent considérablement et naturellement selon l’âge et la période de vie d’une femme : de la puberté aux premières menstruations, lors d’une grossesse éventuelle, après l’accouchement ou pendant l’allaitement, et enfin à l’approche de la ménopause.

La puberté

Chaque personne est différente, mais la plupart des femmes entrent en puberté entre 8 et 13 ans. C’est le premier grand chamboulement des hormones féminines.

La production des hormones lutéinisante (LH) et des hormones folliculo-stimulante (FSH) augmente à la puberté, et stimule les hormones sexuelles en particulier les œstrogènes. Elles sont produites dans l'hypophyse, une glande du cerveau.

Les menstruations

Les premières règles surviennent environ deux à trois ans après le début du développement des seins. Encore une fois, cela est différent pour tout le monde, mais la plupart des femmes ont leurs premières règles entre 10 et 16 ans. Le cycle menstruel commence ainsi à se mettre en place et suit des phases bien précises :

Phase folliculaire

Dans la première phase du cycle, qui coïncide avec le premier jour des menstruations, la production de l'hormone FSH est augmentée. La FSH favorise la croissance des follicules dans les ovaires, dont l'un est destiné à ovuler pendant le cycle menstruel. Ce follicule contenant l'ovule va commencer à produire plus d'œstrogènes et à mûrir, tandis que les autres vont se décomposer.

Phase ovulatoire

Vient ensuite la phase ovulatoire. La LH provoque la rupture du follicule et la libération de l'ovule. Cette phase dure environ 16 à 32 heures. La fécondation ne peut avoir lieu que pendant environ 12 heures après que l'ovule ait quitté l'ovaire.

Phase lutéale

La phase lutéale commence après l'ovulation. Le follicule rompu se referme et la production de progestérone augmente. L'utérus est ainsi prêt à recevoir un ovule fécondé.

Si cela ne se produit pas, les œstrogènes et la progestérone diminuent à nouveau et le cycle recommence.

Le cycle menstruel complet dure environ 25 à 36 jours. Les saignements durent entre 3 et 7 jours. Mais cela aussi est très variable. Votre cycle peut être assez irrégulier pendant les premières années. Il peut également varier à différentes périodes de votre vie ou lorsque vous utilisez des contraceptifs hormonaux.

La grossesse

En cas de fécondation de l'ovule, la grossesse peut avoir lieu. L'ovule libéré et fécondé se fixe aux parois de l'utérus qui commence alors à produire l'hormone gonadotrophine chorionique (hCG), connue sous le nom d'hormone de grossesse. C'est cette hormone que mesure un test de grossesse. Elle empêche la muqueuse utérine d'être éliminée, de sorte que la femme n'a pas de règles. Elle favorise également la production de progestérone afin que l'utérus continue à se développer et à s'élargir pour la croissance du fœtus.

Les niveaux d'œstrogènes augmentent également de façon constante pendant la grossesse afin d'améliorer la vascularisation (la formation de vaisseaux sanguins) et le transfert des nutriments pour soutenir le bébé en développement. À partir du 4ème mois de grossesse, le placenta prend en charge la production principale d'œstrogènes et de progestérone. D'autres hormones entrent également en jeu au cours de la grossesse.

Après l'accouchement et l'allaitement

Une fois la grossesse terminée, les niveaux d'hormones commencent immédiatement à baisser. Ils finissent par atteindre les niveaux d'avant la grossesse.

Une chute soudaine et importante des taux d'œstrogènes et de progestérone peut être un facteur contribuant au développement de la dépression post-partum.

L'allaitement fait baisser les niveaux d'œstrogènes et peut empêcher l'ovulation. Cependant, ce n'est pas toujours le cas, et vous aurez toujours besoin d'une contraception pour éviter une autre grossesse.

Périménopause et ménopause

Pendant la périménopause, la production d'hormones dans les ovaires ralentit. Les taux d'œstrogènes commencent à fluctuer tandis que les taux de progestérone amorcent une baisse régulière.

À mesure que le taux d'hormones baisse, le vagin peut devenir moins lubrifié. Chez certaines femmes, la libido à la ménopause se trouve modifiée, et le cycle menstruel devient irrégulier.

Lorsque la femme n'a pas eu de règles pendant 12 mois, elle a donc atteint la ménopause. À ce moment-là, les œstrogènes et la progestérone se maintiennent à des niveaux bas. Cela se produit généralement autour de la cinquantaine, sachant que l’âge moyen auquel survient la ménopause est de 51 ans en France. Mais comme pour les autres phases de la vie, il y a de grandes variations.

La diminution du taux d'hormones après la ménopause peut augmenter le risque d'affections telles que l'ostéoporose et les maladies cardiovasculaires.

Quand les hormones sont-elles déséquilibrées ?

Les hormones féminines fluctuent naturellement tout au long de la vie d’une femme. Mais un déséquilibre hormonal peut parfois être le signe de quelque chose de plus grave, comme :

  • Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : il s'agit du trouble endocrinien le plus courant chez les jeunes femmes. Le SOPK peut provoquer des cycles menstruels irréguliers et interférer avec la fertilité.
  • L’excès d'androgènes : il s'agit d'une surproduction d'hormones mâles. Il peut provoquer des irrégularités menstruelles, une infertilité, de l’acné et une calvitie masculine.
  • L’hirsutisme : l'hirsutisme est une augmentation de la pilosité sur le visage, la poitrine, l'abdomen et le dos. Il est causé par un excès d'hormones masculines et peut parfois être un symptôme du SOPK.

D’autres situations peuvent être à l’origine d’un déséquilibre hormonal : 

  • L'hypogonadisme, qui est un manque d'hormones féminines ;
  • Une fausse couche ou une grossesse anormale ;
  • Une grossesse multiple (jumeaux, triplés ou plus) ;
  • Une tumeur ovarienne.

Il est conseillé de consulter votre médecin traitant ou votre gynécologue une fois par an pour un examen de routine. En cas de débalancement hormonal, votre médecin peut discuter de ces changements et répondre à toute autre question que vous pourriez avoir.

Hormones sexuelles et substances mimétiques

Il existe chez les végétaux des substances proches des œstrogènes ou phytoestrogènes. Parmi les plantes, graines de lin, thé et soja sont les plus connues dans l’alimentation. Dans certaines indications et après entretien avec un professionnel de santé, elles peuvent être proposées pour pallier ponctuellement une carence en œstrogènes.

Enfin et parce qu'on en parle de plus en plus, il existe des agents chimiques perturbateurs endocriniens qui viennent mimer le comportement des hormones sexuelles. C’est le cas du bisphénol A qui mime les œstrogènes et est capable de se lier à certains récepteurs de nos cellules. Son action est variée, en fonction des autres composants associés (effet “cocktail”), des quantités d’exposition etc. Les mécanismes sont complexes et en cours d’étude approfondie.

Sources externes :

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