La charge mentale des femmes : tout ce qu’il faut savoir

Quelle est la définition de la charge mentale ? 

Aller chercher les enfants à l’école, lancer les machines, organiser des dîners, faire les courses… Si vous êtes une femme, en couple, et de surcroît, engagée dans une relation hétérosexuelle, ces tâches vous sont sûrement très familières.

Nicole Brais, chercheuse à l’Université de Laval au Québec explique que la charge mentale est un « travail de gestion, d'organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence ». 

C’est une charge davantage cognitive (stockage et intégration d’informations) qu'une charge opérationnelle qui est encore aujourd’hui inégalement répartie entre les hommes et les femmes. Elle s'illustre notamment par le fait d'avoir l'impression de devoir penser à tout, tout le temps et pour tout le monde au sein du foyer. 

Les femmes reçoivent ainsi une pression en trois « lieux » de leur identité : femme, mère et travailleuse.

Pourquoi la charge mentale chez les femmes est-elle plus lourde ? 

Regardons ensemble de plus près comment notre société a conditionné les stéréotypes de genre chez les hommes et les femmes et assigné ainsi les femmes dans leur rôle de mère au foyer.

Conséquence des normes sociales 

C’est au XXème siècle, à l’heure de la révolution industrielle que naît le concept de mère au foyer. Pour résumer, les hommes deviennent ouvriers et les femmes restent à la maison pour s’occuper des enfants. 

Les tâches domestiques et parentales sont alors confiées exclusivement aux femmes. Ce sont ces différences qui vont enfermer hommes et femmes dans des rôles distincts et inégaux et provoquer la charge mentale qui pèse aujourd’hui sur 8 femmes sur 10 en France (d’après une enquête de l’Ipsos).  

Inégalités ménagères 

Notre société a encore du mal à sortir de ces stéréotypes. En effet, selon une étude de l’INSEE, en 2010, les femmes s’occupent de 64% des charges domestiques et 71% des tâches parentales au sein du foyer. 

Plus récemment, le confinement a révélé des chiffres très représentatifs de ces inégalités : selon l’enquête « Conditions de vie pendant le confinement », 83% des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de 4 heures par jour contre 57% des hommes. 

Cette inégalité genrée provoque un déséquilibre dans la sphère privée qui empiète également dans la sphère professionnelle d’un couple. 

Inégalités professionnelles 

En plus de leur emploi, les femmes continuent très souvent à gérer seules l’organisation et la gestion du foyer. Cette prise en charge influence les choix et les comportements des femmes au travail : choix plus sécuritaires, comportements moins compétitifs, etc. 

Ces décisions les désavantagent et creusent le fossé entre les genres : inégalités salariales (selon l’INSEE, en 2015, les hommes gagnent 23% de plus que les femmes), discriminations à l’embauche, plafond de verre qui leur bloque l’accès à des postes à responsabilités et freine l’évolution de leur carrière.

Pression sociale féminine 

S’ajoute à cette charge mentale des femmes, la pression sociale d’être toujours féminine et attractive. Pour certaines femmes de 40 ans qui traversent la périménopause, la charge mentale devient alors encore plus lourde à porter car elle s’accompagne des symptômes physiques et mentaux provoqués par cette période de changements hormonaux : fatigue, irritabilité, bouffées de chaleur etc.

Quelles sont les conséquences d’une charge mentale importante ?

Problème systémique, cette charge agit au quotidien sur le bien-être des femmes : santé physique, dégradation des relations, difficultés professionnelles, etc. 

Heureusement, il est possible de prendre conscience des premiers signes et d’agir en conséquence. 

Fatigue et anxiété 

Continuellement occupé par des flots d’informations et de tâches à accomplir, l’esprit de ces femmes concernées par une surcharge mentale n’a pas de répit : la nuit, le sommeil est agité et ne permet pas de récupérer, le jour, la liste des tâches à accomplir s’allonge et l’anxiété paralyse toute action. 

Dégradation des relations 

La fatigue mentale entraîne également des conséquences sociales importantes qui peuvent mener jusqu’à l’isolement : 

• Disputes et conflits au sein du couple ; 
• Insatisfaction constante ;
• Sentiment d’injustice et culpabilité ;
• Dépression.

Burn out professionnel et domestique 

Sommées d’être des épouses parfaites, des mères présentes et des travailleuses hors pair, les femmes subissent une pression sociale telle qu’elles n’arrivent plus à gérer leur quotidien et se sentent submergées à la maison comme au travail : manque de concentration, mémoire défaillante, mauvaise gestion des priorités etc. Ce sont les premiers signes du burn out. 

Charge mentale des femmes : comment mieux la gérer ?

On l’a vu, les conséquences d’une charge mentale importante peuvent poser problème à bien des niveaux si elles ne sont pas gérées à temps. 

Découvrez comment nous pouvons toutes et tous agir au quotidien sur cette charge mentale qui pèse sur les femmes. 

Organisation et dialogue 

En tant que femme et/ou mère de famille, il est important de dialoguer au sein de votre couple pour rééquilibrer la répartition des tâches : 

• Commencez avec votre conjoint une liste des tâches que vous réalisez chaque jour et partagez-la ensuite ensemble. Vous pourrez ainsi constater s’il y a un surinvestissement de l’espace domestique de votre côté ; 
• Tentez ensuite de répartir les tâches au sein du couple pour responsabiliser chacun d’entre vous ; 
• Apprenez à déléguer et faire confiance en faisant aussi participer vos enfants dans les tâches ménagères ; 
• Partagez vos ressentis, vos frustrations autour de vous. 

Lâcher prise 

Prenez du temps pour vous ! 

Il faut vous libérer de ces tâches quotidiennes et vous faire du bien en trouvant les activités qui vous plaisent : 

• Pratiquez une activité physique régulière pour vous sentir bien dans votre corps
• Soulagez votre esprit par le yoga et/ou la méditation ;
• Aérez-vous l’esprit en sortant au moins une fois par jour ;
• Autorisez-vous à ne rien faire : votre maison n’est pas rangée ? Il n'y a rien à manger dans le frigo ? Ce n’est pas grave. 

En lâchant prise, vous entretiendrez des relations plus sereines, vous retrouverez un sentiment de bien-être et un meilleur équilibre psychologique. 

Prise de conscience collective et éducation  

« Le premier problème pour nous tous, hommes et femmes, n’est pas d’apprendre, mais de désapprendre ». Gloria Steinem, féministe américaine, militante du mouvement de libération des femmes et journaliste. 

Pour renverser ce modèle de société, les politiques publiques doivent intervenir dans l’éducation des garçons et des filles pour agir le plus tôt et éviter un conditionnement dans des rôles déjà genrés. 

Un exemple à déconstruire collectivement : les femmes s’occupent de la maison et les hommes doivent subvenir aux besoins de leur famille.  

Les entreprises, elles aussi, ont leur rôle à jouer car malgré des décennies de luttes et de progrès, les femmes souffrent encore beaucoup trop d’inégalités dans la sphère professionnelle.

Pour aller plus loin, découvrez 3 exemples d'initiatives féministes qui libèrent la parole sur la charge mentale et donnent des clés pour s’en sortir : 

• « Fallait demander » : la bande dessinée d’Emma explique la charge mentale, dépeint le quotidien de femmes et de mamans et apprend aux hommes à devenir responsable de leur foyer ;
• « Home sweet home » : la bande dessinée de Tiffany Cooper déconstruit les stéréotypes par des illustrations ;
• Le compte Instagram « T’as pensé à » créé en 2018 par le collectif TPA, donne la parole à ces femmes concernées par la charge mentale et dont le quotidien est particulièrement stressant.

Sources externes :
Girod de l'Ain, A. (ELLE. 2017, Juin) Charge mentale : êtes-vous submergée par la gestion de votre foyer ?

Charge Mentale : 8 femmes sur 10 seraient concernées. Ipsos (2018, février)